Architecte de formation, Mourad Bencheikh a acquis une expertise significative dans le secteur du bâtiment, en participant à plusieurs grands projets complexes à l’échelle nationale et internationale.
Passionné de technologie, il s’est rapidement spécialisé en BIM Management et en synthèse technique et architecturale. Il a aujourd’hui une excellente maîtrise des outils et des processus BIM, en matière de conception, de pré-construction et d’exécution.
Mourad Bencheikh, qui êtes-vous, dites-nous-en plus sur votre parcours…
Je suis architecte de formation (diplômé Architecte DE en 2010), passionné par le numérique et le développement durable.
Après mon diplôme, j‘ai travaillé en agences d’architecture sur des projets de logements collectifs et individuels. Un an plus tard, ma passion du numérique et des nouvelles technologies m’ayant rattrapé, je m’inscrivais en Design Numérique Architecture DNA à l’ENSA Nancy. Grace à ce master, je suis monté en compétences sur des sujets tels que le design génératif et la modélisation paramétrique.
A l’époque, on ne parlait pas encore de BIM tel qu’on le connait aujourd’hui, mais j’avais déjà l’envie de travailler autour d’une maquette et dans un processus de collaboration. J’ai aujourd’hui 10 ans d’expérience dans le domaine du BIM, de la coordination des études et de la synthèse.
Et aujourd’hui, que faites-vous chez SXD ?
J’ai rencontré le fondateur de SXD, acteur majeur de la transition numérique et de l’innovation technologique dans le secteur du BTP, en 2013 : à l’époque, il travaillait sur le projet de la Fondation Louis Vuitton. Je me souviens que le projet était précurseur parce que toute la synthèse se faisait en 3D. Voir cette travailler en mode collaboratif m’a vraiment séduit : j’ai eu envie de la rejoindre. Je suis donc entré chez SXD pour faire de la synthèse et j’ai grimpé les échelons : aujourd’hui, je suis le Directeur Technique.
Pourquoi le BIM ?
Parce que très tôt, après mon diplôme d’architecture et quand j’ai commencé à travailler sur mes premiers projets, j’ai ressenti ce vide entre les multiples intervenants d’une opération. Je voulais une collaboration accrue, plus d’échanges d’informations et de données. J’ai, alors, constaté que le BIM venait combler ce vide de manière spectaculaire… en théorie.
Dans la pratique, oui, le BIM est la bonne méthode de travail (je le dis car je suis un fervent défenseur du BIM) mais nous avons encore des lacunes, notamment, sur l’accompagnement et la formation d’une grande partie des acteurs du secteur AEC car, parfois, même avec la meilleure méthode de travail, il suffit d’un maillon faible pour tout perturber.
Chez SXD, nous faisons la coordination et la synthèse des projets : assurer une bonne communication et un process collaboratif efficace entre tous les intervenants du projet est primordial.
C’est donc là qu’apparaît BIM Track …
Oui, nous avons opté pour la plateforme il y a quatre ans après avoir fait un benchmark de trois solutions qui semblaient répondre à nos besoins.
BIM Track permet de mieux cadrer les problématiques, de mieux les désigner et de mieux les « traquer » : ce gestionnaire du BCF (BIM Collaboration Format) est efficace et souple, il s ‘adapte à nos méthodes : les équipes de l’éditeur veulent évoluer et sont très à l’écoute des besoins de leurs clients.
Si untel vous signale un problème à côté de l’évier, qui est à côté du mur… disons, dans un projet de maison individuelle… vous allez devoir ouvrir le plan, chercher le problème… cet échange sera lent. Imaginez cela pour dix problèmes ou sur un projet de grande envergure…, il est fort probable qu’au milieu fil de vos échanges avec votre interlocuteur, vous perdiez de l’information.
Lorsque c’est BIM Track qui assure la gestion du BCF : le problème est géolocalisé dans la maquette et vous conservez tous vos échanges jusqu’à ce qu’il soit résolu et que vous puissiez le consigner.
Déjà à l’époque, BIM Track était l’une des premières plateformes à proposer des intégrateurs aux outils BIM : les fameux plugins Revit, Navisworks, Tekla, Archicad …
Comment se déroulent vos réunions de coordination ?
A chaque lancement de projet, dès la première réunion de synthèse, on présente BIM Track à tous les intervenants comme étant l’outil à privilégier pour toute communication. Cette présentation est suivie d’une petite période de test à l’issue de laquelle, les participants adoptent la plateforme.
Tout le monde comprend la nécessité de limiter l’envoi de mails à rallonge qui finiront immanquablement par se perdre.
La plateforme permet aussi de faire de la coordination continue : avant, on attendait la fameuse réunion hebdomadaire pour parler des sujets, aujourd’hui, on peut faire de la coordination tous les jours : la plateforme est vivante et les projets sont synchronisés en live.
Concernant les intervenants qui travaillent encore en 2D, BIM Track est aussi un avantage car ils disposent aussi de la visionneuse qui permet d’accéder facilement à la maquette et d’améliorer la compréhension et le suivi du projet.
Quel est votre projet BIM le plus mémorable ?
Cela ne va pas vous plaire : c’est un projet qui date d’avant notre choix de BIM Track », mais… restez jusqu’à la fin, je vous parlerai quand même de la plateforme !
C’était en 2015, j’étais BIM Manager et coordinateur principal des études sur le métro de Doha au Qatar. Nous étions dans une joint-venture de 5000 personnes : un projet énorme avec une infrastructure encore plus énorme ! Sa spécificité, c’est d’être aussi un projet complexe tant dans son design, son architecture que dans sa construction (on travaillait en « fast track » : c’est à dire que l’on construisait alors que les études n’étaient pas terminées). C’était une sorte de course contre la montre tous les jours… Il y avait des formes géométriques très complexes, avec des surfaces non développables que l’on ne pouvait pas projeter sur du plat et découper ; on a donc eu besoin de créer les profils un par un. Pour couronner le tout, le client (l’Émir du Qatar) était particulièrement exigeant : il changeait d’avis et imposait des modifications très souvent.
Malgré tout, livrer en retard, n’était pas une option ! Sans le BIM, on ne s’en serait pas sortis.
C’est là que vous allez être contente : avec le recul, je pense, sincèrement, qu’avec BIM Track, on serait allé dix fois plus vite pour la partie études et nos échanges pour la collaboration auraient été grandement optimisés.
Et demain ? Comment voyez-vous le futur de la construction ?
On fera de la construction 4.0 : on s’affranchira de la documentation classique (plan 2D, documentation écrite, CCTP, etc.), on exploitera au maximum l’avatar numérique du bâtiment en recourantrd, n’était pas une option à la réalité virtuelle. J’imagine aussi que les ouvriers sur le site auront un casque de réalité virtuelle ou augmentée : ils verront où poser tel panneau, comment fixer une gaine… Juste à côté, il y aura une imprimante qui sortira ici un bout de poteau, là du béton… Les chantiers seront optimisés avec des algorithmes qui définiront comment mieux positionner les matériaux et comment optimiser la planification. Enfin, il y aura des robots qui porteront les charges les plus lourdes et exécuteront certaines tâches. Mais rassurons-nous, selon moi, toute cette intelligence artificielle ne remplacera jamais l’être humain qui restera au centre de la réflexion. Une réflexion pour laquelle il aura encore plus de temps à consacrer !