Damien Haultcoeur est Chef de groupe – BIM Manager chez Bouygues Bâtiment Centre Sud-Ouest. Utilisateur de BIM Track depuis 2016 et ayant converti 920 collaborateurs du groupe à la plateforme, il a eu la gentillesse de nous parler de son parcours, son quotidien, ses projets, sa vision de l’avenir du secteur, et bien sûr… BIM Track. Un grand merci à lui pour le temps qu’il nous a accordé et pour cette conversation passionnante. Découvrez-vite son témoignage BIM Track exclusif.
Damien Haultcoeur, qui êtes-vous, dites-nous-en plus sur votre parcours…
Cela fait 18 ans que j’ai intégré le groupe Bouygues Construction. Je suis resté 10 ans chez Bouygues Batiment Nord-Est en exerçant plusieurs métiers : ingénieur méthodes, planificateur tout corps d’états, conducteur de travaux et, il y a un peu plus de 7 ans, j’ai eu envie de « changer l’eau du bocal » et de me rapprocher du soleil alors, j’ai rejoint Bouygues Bâtiment Centre Sud-Ouest à Bordeaux. Mon poste a évolué car, fin 2015, une cellule BIM s’est créée et – comme j’ai une formation CAO, DAO, FAO (j’ai fait un cursus orienté métiers de la construction et design à l’université de Calais) – c’est, naturellement, que j’ai rejoint cette cellule.
Pourquoi le BIM ?
Le BIM, c’est d’abord de l’humain. Moi, j’aime échanger avec tous les partenaires d’un projet, réussir à faire communiquer les acteurs du projet entre eux. Ça n’est pas toujours simple mais, à mon poste de BIM Manager, j’aime l’idée d’apporter ma pierre à l’édifice. Le BIM Manager, c’est en fait le médiateur du projet Je dirais d’ailleurs que BIM Track c’est au-delà d’une plateforme de coordination BIM : il s’agit d’un excellent outil d‘aide au management de projet : la baguette du chef d’orchestre.
Votre poste aujourd’hui ?
Aujourd’hui, je m’occupe du BIM au sens large : cela veut dire que je crée de la coordination et de la collaboration autour des projets, je fais aussi de la veille sur les innovations BIM et tout particulièrement ce qui concerne l’Open BIM et, enfin, je suis référent Open Innovation, le maillon entre les startups locales que l’on a en pépinière (incubateur) et le groupe : je fais remonter les informations à Paris, au niveau national voire international.
En 2016 nous avons « découvert » BIM Track, un an plus tard c’est la DSI qui négociait un accord-cadre avec l’éditeur de la plateforme pour équiper les collaborateurs de Bouygues Construction et aujourd’hui, quand je regarde le HUB BIM Track, je constate que nous sommes 920 collaborateurs à l’utiliser !
… Et vos missions ?
Ma mission première c’est, comme je le disais, d’assurer la collaboration et la coordination et je fais bien le distinguo entre les deux : BIM Track, aujourd’hui pour moi, c’est un outil de coordination, par exemple. Pourquoi cette précision ? Parce que, pour se coordonner, il faut collaborer. Le principe dans le cadre du BIM niveau 2 : je collabore en partageant mon (ou mes) modèle(s) BIM sur une plateforme d’échange afin de le ou les rendre disponibles à tous les acteurs BIM (ou pas) du projet.
Ceci étant, si je m’arrête là, mon travail de BIM Manager perd de son intérêt. Pour être complet, il faut ensuite se coordonner et c’est là que BIMTrack (le format BCF plus généralement) intervient : je m’assure (et le manager de projet aussi) que les acteurs du projet, grâce à BIMTrack, se parlent, échangent, capitalisent, structurent, corrigent afin d’obtenir des modèles BIM métiers cohérents les uns avec les autres pour un projet « numériquement viable » (Construire avant de construire, en « cassant » du numérique plutôt que de casser du béton…).
Cette coordination via BIM Track ne se cantonne pas au BIM (on pourrait voir dans BIM Track un outil élitiste qui ne serait dédié « qu’aux gens du BIM » ce qui n’est pas le cas !). Notre utilisation va plus loin car beaucoup d’acteurs sur BIMTrack l’utilise aussi pour satisfaire des besoins « non BIM » (administratif, gestion de contrat, etc). BIMTrack nous permet de structurer, capitaliser, « historiser », tracer la vie d’un projet afin d’éviter les « dis-ruptures » (pertes en ligne) lors des transitions des grandes phases d’un projet ; je pense surtout au passage de la phase de conception à celle d’exécution). Via BIMTrack, nous évitons de nous reposer les mêmes questions au changement d’équipe et on garde le fil des sujets qui peuvent être encore en suspens etc. Le temps c’est de l’argent, BIMTrack nous évite de perdre du temps, CQFD.
Votre projet BIM le plus mémorable ?
C’est une question piège car je suis un éternel insatisfait ! J’en suis d’ailleurs à mon 23ème projet sur BIM Track !
Nous avons de beaux projets d’envergure avec de gros budgets et de gros moyens, mais parfois, ils peuvent être source de frustration pour moi alors que j’ai pu connaitre des petits projets avec beaucoup moins de moyens pour lesquels les équipes s’investissent et jouent pleinement le jeu du BIM.
Je pense, notamment, à un petit projet de 45 logements sous label PUCABIM (Plan Urbanisme Construction Architecture dédié au BIM) pour lequel nous avons pris un engagement auprès de la Maîtrise d’Ouvrage sur la livraison d’éléments liés au BIM. J’ai démarré avec une équipe très junior et en échangeant beaucoup, en prenant tout le bon côté du BIM et en ayant énormément de cohésion, nous avons réussi à faire beaucoup. L’état d’esprit de l’équipe, c’était « je ne gagne pas sans l’autre ».
Sur un plus gros projet (la salle Co’Met à Orléans, un programme mixte Palais des Congrès/Salle de sport en cours d’exécution), nous avons démarré le BIM avec BIM Track dès la phase de conception. Là, par exemple, le Responsable de conception utilisait BIM Track mais pas uniquement sur la partie BIM : il s’en servait pour créer des FQR (Fiches Questions Réponses) pour structurer les échanges, que ce soit avec la Maîtrise d’Ouvrage ou la Maîtrise d’œuvre.
Ce que j’aime dans ces deux projets, c’est cette émulation des équipes autour du BIM à laquelle BIM Track contribue.
Est-ce que ça a été facile de débuter sur BIM Track ?
Très facile. En une matinée, l’outil a été pris en main pour la partie Administration et côté Utilisateur, j’ai organisé des formations de 15 minutes pour montrer aux équipes comment créer une issue (terme anglais pour « question » ou « sujet »), pour prendre la visionneuse en main ainsi que la gestion des rapports.
L’intérêt de BIM Track, c’est d’abord la coordination : la plateforme évite que les gens arrivent en réunion de coordination avec des idées des points à aborder un peu épars, qu’ils doivent se référer à plusieurs mails, que la discussion soit brouillonne et désordonnée. Grâce à BIM Track et son éditeur de rapports, je peux demander à chacun d’imprimer le rapport des questions (sujets) auxquelles elle a répondu et le rapport des questions (sujets) qu’elle a posées. A l’issue des réunions, je suis certain que chacun a dit ce qu’il a sur le cœur et qu’il n’y a pas de frustration : l’information est structurée de manière simple.
Votre témoignage BIM Track : quels sont les avantage de la plateforme ?
Quatre choses : l’Open BIM, l’accessibilité de l’outil pour des collaborateurs d’horizons divers, la simplicité d’utilisation et l’efficacité du service client.
Dans mon métier de BIM Manager, j’utilise surtout des outils Open BIM. En 2016, à mon premier essai, ce qui m’avait plu tout de suite, c’est que l’interface de la plateforme n’est pas dépendante d’un outil (même s’il existe des plugin Archicad ou Revit) et qu’elle est, surtout, ouverte à la collaboration. Au quotidien, je travaille avec beaucoup d’interlocuteurs d’univers très différents : l’Open BIM s’impose de manière naturelle. Avec BIM Track, je peux travailler en collaboration avec un univers hétéroclite de partenaires sur une plateforme unique, naturellement : par exemple, des patrons d’opération ou des managers de projets qui travaillent en 2D n’ont pas besoin d‘ouvrir la maquette pour assurer la gestion client ou l’administratif avec BIM Track.
Côté accessibilité, ce qui fait aussi la différence, c’est l’ergonomie de la plateforme. On peut avoir le meilleur outil du monde, si les gens n’ont pas envie de l’essayer à cause d’un manque d’ergonomie, le pari est perdu d’avance ! Un autre point positif, dans ce même esprit, c’est que l’outil est resté fidèle à lui-même : il n’y a pas eu de grosse mise à jour ou de changement d’interface, ce qui aurait pu perturber les collaborateurs. D’ailleurs, l’équipe de BIM Track est très attentive à nos besoins : son service client est hyper efficace. Ce matin, j’avais un petit blocage sur un projet : j’ai simplement posé ma question dans un espace dédié en bas à droite de l’écran et en 2h j’étais débloqué, j’avais ma réponse.
Dernier atout, et pas des moindres : maintenant que le BIM est plus courant, le nerf de la guerre c’est le data management, la capitalisation de l’information projet et d’éviter des « dis-ruptures » comme je l’évoquais tout à l’heure.
Et demain ? Comment voyez-vous le futur de la construction ?
Je vais plutôt vous dire comment j’aimerais qu’il soit : c’est ma vision – peut-être un peu candide -.
D’abord, j’aimerais que l’utilisation du BIM soit naturelle, que l’on ne se pose même pas la question. Qui dit BIM ne dit pas seulement modélisation… le BIM se doit d’être une méthode de travail qui repose sur un existant : un environnement de collaboration, de coordination complet et des échanges autour de modèles de formats ouverts (IFC et BCF).
Le BIM, ce serait la représentation idéale d’un projet, quasiment un prototype et, quand on passerait en construction, on considérerait le bâtiment construit comme un premier de série.
Je vous explique : il y a quelques mois, j’ai fait construire ma piscine. A la livraison, le concepteur me dit « C’est bien, il n’y a pas de fuite ! ». Je me suis demandé s’il se moquait de moi : c’est quand même le minimum qu’il n’y ait pas de fuite ! Et bien nous, dans la construction, c’est pareil : on a tendance à dire au commanditaire du projet « C’est bien, on a livré sans réserves et dans le délai ! ». Encore heureux : on a juste fait le job ! Imaginez un concessionnaire vous livrant votre voiture neuve : « vous avez vu pas une seule rayure, et en plus, elle roule… ».
Demain, le BIM permettra de « faire plus que le job » mais ce ne sera pas juste du BIM : j’apporterai à mon client des éléments en plus, des outils numériques concrets sur lesquels il s’appuiera vraiment. Un exemple tout bête : nous avons échangé, il y a bientôt 3 ans, avec un Maître d’Ouvrage pour la création d’un collège sur le bien-fondé d’adopter un processus BIM. Je lui disais : « grâce au BIM, vous accèderez à la maquette du bâtiment et vous pourrez voir tous les équipements modélisés avec les informations souhaitées ». Il m’a répondu de manière extrêmement pragmatique : « oui, c’est bien votre BIM, vos maquettes. Sauf que moi, je jour où j’ai une fuite de gaz sur la chaufferie du collège, le temps que j’ouvre votre maquette, que je cherche le bon équipement pour savoir où il se trouve, comment j’y accède et que je ferme la vanne… les choses auront dégénéré… ». Il a tellement raison ! Et il ajoute : « il faudrait créer une appli qui fait qu’en tapant « gaz » ou « urgence » dans un moteur de recherche, je saurais exactement où est la vanne gaz que je dois fermer ». C’est là que, pour moi, le BIM, ça n’est pas une fin en soi mais la première pierre pour rendre nos bâtiments vraiment SMART : intelligents, pratiques, ergonomiques, agréables, connectés, intégrés et respectueux de l’environnement. Quand on regardera dans 5 ou 10 ans ce que l’on fait aujourd’hui dans la construction, on se dira qu’on était à la préhistoire de tout ce qui va arriver (un peu le minitel de l’internet). D’ici quelques années, nous découvrirons de nouvelles manières de construire, l’explosion de l’utilisation des IOTs, GTC et GTB pilotées via I.A., l’utilisation courante de la R.A., V.R. et pleins d’autres technologies qui n’ont pas encore vues le jour! Et bien sûr, avec l’utilisateur, l’usager (car c’est l’usage qui prime) au centre de tout ça, un peu grâce à BIM Track !
Merci à Damien Haultcoeur pour ce témoignage BIM Track exclusif.