Lionel Goedert, coordinateur BIM sur le projet de la Grande Salle Événementielle de Reims chez Eiffage Construction, témoigne de son utilisation de BIM Track.
Lionel Goedert, qui êtes-vous, dites-nous-en plus sur votre parcours…
J’ai fait un DUT de Génie Civil puis une école d’ingénieur BTP (le CESI à Strasbourg). Après Master en Génie Civil, j’ai complété ma formation par une spécialité Management de Projets de Construction – BIM. J’ai été diplômé en 2018.
J’ai fait mon Master en apprentissage : pendant mes études je confrontais chaque semaine pratique et théorie et les deux se répondaient. Par exemple, lorsque l’on a abordé la convention BIM, j’en rédigeais justement une « vraie » en parallèle.
Aujourd’hui, je suis Coordinateur BIM et Maîtrise d’Œuvre sur le projet de la Grande Salle Événementielle de Reims chez Eiffage Construction.
Pourquoi le BIM ?
J’ai toujours aimé le dessin. Déjà, en 2013 pendant mon DUT et alors que je n’avais même jamais entendu parler du BIM, je dessinais de petits modèle en 3D sur SketchUp. Même si c’était uniquement de la modélisation, ça m’a donné envie d’allier numérique et construction.
J’aime l’opérationnel, le contact avec le chantier, mais je sais qu’il n’y a pas de construction efficace sans le recours aux outils numériques. C’est un mariage nécessaire pour comprendre toute la dimension du bâtiment.
Et BIM Track là-dedans ?
Pour faire du « vrai » BIM, il ne faut pas, uniquement, des gens compétents chacun de leur côté. On a besoin d’une interface simple pour que tout le monde puisse communiquer avec le même langage, en utilisant les mêmes procédures : c’est comme cela que l’on fait du BIM.
Pour le projet sur lequel je travaille actuellement, d’un point de vue contractuel, la MOA doit recevoir des livrables BIM et il faut que les architectes, les BE Fluides, les BE structures, électricité… tout le monde, donc, joue le jeu. Bien sûr un cabinet de BIM Management m’accompagne sur cette opération.
Dès le début du projet, j’ai eu recours à BIM Track parce que la solution GED que j’utilisais ne suffisait pas pour faire du « vrai BIM » avec du versionning des maquettes, un vrai suivi des questions et du BCF (BIM Collaboration Format). J’avais, simplement, besoin d’une solution efficace pour que les partenaires du projet se parlent. N’’importe qui peut se connecter facilement à BIM Track. Sur cette opération, tout le monde utilise Revit, et il nous a suffit d’installer le plugin pour accéder à la plateforme, directement depuis le logiciel.
Est-ce que ça a été facile de débuter sur BIM Track ? Pour vous et pour les partenaires du projet.
Oui c’est simple à utiliser. Personnellement, au démarrage, j’ai eu quelques difficultés avec les notions de hub et de projets, mais le support m’a rapidement donné les explications dont j’avais besoin.
Et pour tous les partenaires, globalement, tout s’est bien passé même si certains ont un peu freiné pour adopter la plateforme mais cela n’avait rien à voir avec le « degré de complexité » de BIM Track.
Il y a plusieurs catégories de personnes qui « freinent » : les réfractaires absolus à la multiplication des plateformes qui n’y voient pas d’intérêt et ne veulent pas d’un outil en plus. Les personnes qui disent « ton truc ne m’intéresse pas » … celles-là, il faut s’asseoir à côté d’elles et leur montrer comment on fait « concrètement ». J’ai constaté que ces personnes-là reviennent toujours vers vous : « Hé, regardez ce que j’ai fait ! ». Enfin, il y a celles qui trouvent ça « très bien » mais n’iront jamais voir par elles-mêmes, et n’auront même pas la curiosité d’ouvrir la plateforme.
Quelles sont les principales qualités de BIM Track ?
La plateforme est simple d’utilisation, facile d’accès… évidemment, dès lors que l’on a internet. BIM Track est aussi fluide : je n’entends personne râler « il faut que j’ouvre la maquette ». Une fois qu’elle est téléchargée, tout le monde peut la consulter : par exemple, les conducteurs de travaux ouvrent volontiers BIM Track pour mieux visualiser le bâtiment et se projeter.
Pour ceux qui travaillent avec un logiciel BIM natif type Revit ou Archicad, le plugin est incontournable : simple à utiliser, il permet une détection de clashs rapide et une bonne communication entre les logiciels.
Quel est votre projet BIM le plus mémorable ?
C’est celui où le BIM n’a pas « marché ». Pendant mes études, nous avions décidé de proposer un projet en BIM. Tout le monde était très volontaire et donnait des idées mais personne ne faisait rien, concrètement. C’était au début de mon Master, j’avais 20 ans, donc pas forcément la légitimité pour me positionner comme BIM Manager ; c’est sur ce projet que j’ai compris que, sans collaboration et sans coordination, le BIM n’est pas possible. C’est parce que cette expérience a été riche en enseignements que c’est mon projet BIM le plus mémorable.
Et demain ? Comment voyez-vous le futur de la construction ?
C’est une vaste question. J’espère que tous les processus BIM seront facilités et accessibles à tous. Je pense notamment aux PME. Aujourd’hui, je constate qu’en phase exécution, je n’arrive pas à faire ce que je veux en BIM. Un maçon ou un plaquiste ne prend pas part au BIM parce que, pour le moment, les plateformes existantes ne permettent pas à tous de modéliser et d’entrer facilement des informations ou des fiches techniques. J’espère que, bientôt, on pourra faire du vrai contrôle technique sur les maquettes en exécution. Le BIM exécution n’existe simplement pas ou alors sur des projets à plus de 100 millions d’euros. Dans le futur, j’espère simplement que le BIM sera démocratisé.